Le point de vue hebdomadaire de Muzinich sur les principaux développements des marchés financiers et des économies se penche sur les réactions à la dernière réunion de la Banque d’Angleterre et les implications de la hausse des prix du pétrole :
La semaine dernière a été placée sous le signe de la consolidation. Les rendements des obligations d’État ont légèrement baissé sur la plupart des marchés développés, les obligations britanniques surperformant au cours d’une semaine marquée par la publication de données clés sur l’inflation et la dernière réunion de politique monétaire de la Banque d’Angleterre (BoE).
La BoE a eu de bonnes nouvelles puisque les prix à la consommation du mois de mai sont revenus en ligne avec son objectif de 2 % pour la première fois depuis presque 3 ans(1), devançant la Banque centrale européenne (BCE) qui a atteint le même objectif, bien que cette dernière ait déjà réduit ses taux directeurs plus tôt dans le mois(2) (voir le graphique de la semaine).
Si l’on examine les données, la rigidité des prix des services reste préoccupante. En mai, ils ont baissé moins que prévu, à 5,7 %. Il n’est donc pas surprenant que la BoE ait maintenu ses taux directeurs à 5,25 %. Alors que deux membres de son comité monétaire étaient favorables à une réduction de 25 points de base, les sept autres membres ont voté pour le statu quo.
Cependant, la communication de la BoE à la suite de la réunion suggère que l’assouplissement de la politique pourrait commencer en août, déclarant que ceux qui ont voté pour le statu quo ont considéré la décision comme « finement équilibrée » et n’ont pas pensé que les nouvelles sur l’inflation des services modifiaient de manière significative « la trajectoire désinflationniste sur laquelle l’économie était engagée ».(3)
Le marché des swaps de taux d’intérêt au jour le jour évalue actuellement à 66 % la probabilité d’une baisse en août et à 99 % la probabilité d’une baisse en septembre(4).
La semaine dernière, le portage a été roi dans le crédit d’entreprise, le crédit des marchés émergents étant le plus performant dans l’univers du haut rendement. En ce qui concerne les obligations de qualité, l’Europe a surperformé à la suite d’une forte adjudication d’obligations d’État françaises. Le 20 juin, la France a levé 10. 5 milliards d’euros grâce à la vente d’obligations à 3-8 ans.
Les rendements souverains ont baissé dans toute l’Europe, inversant la tendance à la baisse observée en début de semaine après la publication de données provisoires décevantes sur l’indice des directeurs d’achat (PMI) pour le mois de juin(5). Bien que l’indice PMI composite reste en territoire expansionniste (50,8), il est resté bien en deçà des prévisions des économistes qui tablaient sur 52,5. La contraction accélérée de l’industrie manufacturière en a été le principal moteur, l’indice PMI manufacturier de la zone euro passant de 47,3 en mai à 45,6, son plus bas niveau depuis six mois, en raison d’une réduction marquée des nouvelles commandes.
La Commission européenne (CE) a réprimandé sept pays, notamment la France et l’Italie, pour avoir enregistré des « déficits importants » qui font que leurs déficits budgétaires dépassent la limite de 3 % fixée pour la zone euro(6), ce qui les soumettra à la procédure de déficit excessif de la CE et à des amendes potentiellement importantes si les problèmes ne sont pas résolus. La prochaine étape consistera à présenter des plans budgétaires à moyen terme d’ici le 20 septembre, les sept pays devant démontrer leur engagement à réduire leurs dépenses nettes au cours des quatre prochaines années.
La perte de confiance dans le secteur privé et le fait qu’il n’y ait apparemment pas d’autre solution que l’austérité budgétaire pourraient à nouveau rendre la région dépendante de la politique de la BCE pour soutenir la croissance. Toutefois, le marché des swaps de taux d’intérêt au jour le jour n’évalue qu’à 68 % la probabilité que la BCE réduise ses taux en septembre et ne prévoit qu’un assouplissement de 44 points de base pour 2024(7).
Les marchés des devises et des actions ont été calmes la semaine dernière. S’il y a eu un gagnant, c’est bien le pétrole, en hausse de 4 % sur la semaine et de près de 10 % par rapport à son niveau le plus bas depuis le début du mois. Cela soulève la question suivante : le pétrole pourrait-il, une fois de plus, être l’obstacle qui empêche les banques centrales de normaliser leur politique et qui pousse l’atterrissage en douceur espéré de l’économie vers un scénario de stagflation ?
Les prix du pétrole ont été tirés vers le haut par une baisse surprenante de 2,2 millions de barils des stocks de brut aux États-Unis(8). Les partisans du pétrole soulignent la forte dynamique en place pour le troisième trimestre, tirée par l’augmentation des voyages routiers et aériens, tandis que les mesures de relance chinoises pourraient également alimenter la demande. Dans le même temps, l’offre reste limitée en raison de la baisse des flux de brut russe et du fait que l’OPEP ne devrait pas mettre fin aux réductions volontaires de l’offre avant le mois d’octobre.
La déportation des prix du pétrole – une situation dans laquelle les prix au comptant sont plus élevés que les prix à terme – s’est accélérée en juin. Ce phénomène se produit lorsqu’il y a une augmentation de la demande à court terme et est considéré comme un indicateur haussier des prix. Ainsi, un prix du Brent à 90 dollars – il se situe actuellement juste en dessous de 83 dollars – est à nouveau envisageable.
Source: Bank of England, European Central Bank, of June 21, 2024. For illustrative purposes only.
References:
[1] Office for National Statistics, as of June 19, 2024
[2] European Central Bank, as of June 6, 2024
[3] Bloomberg, ‘Closing in on August cut, absent big CPI shock’, as of June 20, 2024
[4] Bloomberg, as of June 21, 2024
[5] S&P Global, Hamburg Commercial Bank, ‘HCOB flash Eurozone PMI, as of June 21, 2024.
[6] European Commission, as of June 19, 2024
[7] Bloomberg, as of June 21, 2024
[8] US Energy Information Administration, as of June 20, 2024
Retrouvez l’ensemble de nos articles Business