TotUP : l’odyssée entrepreneuriale de Kristina Babina

6 novembre 2023

TotUP : l’odyssée entrepreneuriale de Kristina Babina

Photo © TotUP

« Enfant, j’avais du mal à rester longtemps assise. Je bougeais tout le temps. Je ne me suis jamais bien sentie à l’école, que ce soit dans mon pays natal, la Russie, ou bien en Suisse, où je suis arrivée à l’âge de 13 ans. En fait, j’étais simplement hyperactive, mais ma ‘’différence’’ n’a jamais été prise en compte… ».  

Scolarisée dans un premier temps à Lugano, Kristina Babina poursuit ses études à l’Ecole hôtelière de Lausanne et à la HEG Fribourg. Dans le cadre de son master, elle réalise une étude de marché sur le secteur de la petite enfance suisse, en effectuant des comparaisons avec le Japon, le Canada, la Russie et le Royaume-Uni. Dans son mémoire de fin d’études intitulé : « Développer un modèle de croissance pour les établissements d’enseignement préscolaire privés à travers le concept de franchise », elle note que la Suisse est particulièrement à la traîne dans sa politique d’accueil extra-familial. Son dossier est si solide qu’elle remporte le 1er prix de sa promotion.

Kristina identifie très vite les carences du système préscolaire suisse, non seulement dans sa capacité d’accueil mais aussi dans sa philosophie fondamentale. Selon elle, une crèche ne devrait pas simplement être un lieu de « garderie », mais un espace où l’éveil et le développement de l’enfant sont prioritaires. Cette perception n’était pas mise en œuvre en Suisse, un pays où la politique d’accueil extra-familial peinait à progresser.

Motivée par l’idée de créer un espace qui priorise les besoins spécifiques des enfants, Kristina lance TotUP, symbolisant les étapes clés de l’épanouissement de l’enfant : Tester, Observer, Éveiller, Découvrir et Progresser. Bien que son mémoire ait révélé les faibles marges financières des crèches, avec 70% du chiffre d’affaires consacré à des charges fixes comme le loyer, les salaires, les assurances sociales, Kristina persévère, persuadée qu’un réseau de crèches est viable économiquement grâce aux économies d’échelle. Après avoir imaginé de créer un centre de loisirs, elle décide de se lancer dans l’ouverture d’une crèche bilingue (français/anglais) et crée TotUP, acronyme anglais pour Test Observe Thrill Unrevel Progress (Tester Observer Eveiller Découvrir Progresser).

Découvertes démultipliées

Son idée ? Créer un endroit qui soit confortable pour chaque enfant. Un endroit qui s’adapte aux enfants et non l’inverse. Un endroit où les besoins spécifiques de chaque enfant sont pris en compte.

Malgré les écueils et les oiseaux de mauvais augure qui lui prédisent la faillite, Kristina se lance néanmoins dans cette aventure entrepreneuriale avec le soutien financier de sa mère. Elle s’entoure d’une équipe pédagogique solide et s’appuie sur des compétences éprouvées, notamment pour l’éveil au yoga, à la musique, au dessin, au jardinage.

En avril 2018, elle ouvre au Petit-Lancy. « Je n’ai reçu aucune aide, aucun soutien du canton de Genève, explique-elle. J’ai dû me battre en permanence avec l’administration à Genève ». Les demandes des parents affluent et la crèche est vite remplie. Son réseau fonctionne si bien qu’elle ouvre deux autres structures dès 2020 à Crissier et Epalinges, dans le canton de Vaud ou les démarches sont moins bureaucratiques.

En 2022, Kristina Babina embrasse le rôle de maman avec la naissance de sa petite fille, pour laquelle elle n’hésite pas à s’aligner dans les listes d’attente des crèches, sans privilège particulier. Au travail, sa fille l’accompagne, partageant même les moments d’allaitement sur place. Cette même année, le réseau TotUP s’élargit avec l’inauguration de trois nouvelles crèches situées à Veytaux, Thônex et Estavayer-le-Lac. De plus, Petit-Lancy s’enrichit d’une école primaire bilingue et d’un espace multifonctionnel incluant un centre sportif et des services de coiffure et d’esthétique, conçu pour minimiser les déplacements et ainsi simplifier le quotidien des parents.

Kristina, guidée par son credo entrepreneurial, s’investit pleinement dans le maintien et l’amélioration de la qualité de ses établissements. Elle, tout comme ses employés, participe régulièrement à des formations et s’assure de visiter chaque crèche au moins une fois toutes les deux semaines. « Je m’engage envers la qualité. Tous les parents ont accès direct à moi via mon numéro de téléphone personnel », assure-t-elle.

Cette entrepreneure, loin de se percevoir comme une dirigeante distante gérait tout depuis son bureau, trouve sa plus grande récompense dans les sourires des enfants. « Ils compensent les difficultés que je rencontre au quotidien. Sans eux, sans leur joie, j’aurais abandonné ! », confie-t-elle, soulignant ainsi l’importance du bonheur des petits dans la pérennité de son engagement professionnel.

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