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Par Michael Lewis, Head of Research ESG
Ces derniers mois, les négociations et la réglementation visant à protéger les ressources naturelles et à inverser la tendance à la perte de biodiversité ont pris de l’ampleur, de l’Amérique du Sud à la Chine en passant par l’Union européenne et les États-Unis. En témoignent par exemple le règlement européen sur les produits sans déforestation, le Tropical Deforestation-Free Procurement Act de l’Assemblée de l’État de New York ou le sommet de huit États amazoniens qui s’est tenu ce mois-ci. Cette tendance est très bienvenue, car au cours des 50 dernières années, un tiers de la terre végétale mondiale a été érodée, 32 pour cent de la surface forestière mondiale a été détruite et plus de 85 pour cent des zones humides ont été perdues. Ces pertes contrastent clairement avec les efforts généraux visant à réduire les émissions afin d’atténuer les conséquences du changement climatique.
Selon les informations du WWF, les facteurs les plus significatifs de la perte de biodiversité sont la perte d’habitat due à une agriculture, une exploitation minière ou des villes toujours plus étendues, la surexploitation des ressources naturelles ou de certaines espèces par la surpêche et le braconnage, les espèces et maladies invasives, la pollution et le changement climatique. Face à une réglementation peu claire sur la gestion de nos océans, les gouvernements ont concentré leurs efforts sur les terres et notamment sur la lutte contre la déforestation. C’est notamment le cas en Amérique du Sud, en Afrique subsaharienne, en Asie du Sud-Est et en Océanie.
Étant donné que près de 60 pour cent de l’Amazonie appartient au Brésil, l’élection du président Luiz Inácio Lula da Silva cette année représente une lueur d’espoir en ce qui concerne la lutte contre la déforestation de la forêt tropicale. Pourtant, lors de leur réunion au Brésil ce mois-ci, les huit gouvernements amazoniens n’ont toujours pas été en mesure de s’engager à lutter ensemble contre la déforestation. Un levier potentiellement plus efficace pourrait être de nouvelles réglementations pour les pays qui importent des produits de la région amazonienne afin de s’assurer qu’ils sont produits sans déforestation. La production alimentaire joue un rôle crucial à cet égard, car le secteur agricole est le principal responsable de la déforestation.
Étant donné que les consommateurs européens sont responsables d’environ 16 pour cent de la déforestation tropicale par le biais des importations de produits agricoles, la politique européenne a pris des mesures importantes en juin de cette année avec le règlement sur les produits sans déforestation. Il concerne principalement les matières premières liées à la production de viande de bœuf, de café, de cacao, d’huile de palme, de caoutchouc, de soja et de bois ainsi que leurs produits dérivés comme le cuir, le chocolat, les pneus et les meubles. Cela signifie que toute entreprise souhaitant importer de tels produits dans l’UE doit s’assurer qu’ils n’ont pas été cultivés sur des surfaces forestières défrichées après 2020. En outre, l’Europe prend également des mesures pour préserver ses propres ressources naturelles. La loi européenne sur la restauration de la nature, aprouvée en juillet par le Parlement européen, vise à restaurer les habitats, à inverser le déclin des pollinisateurs, à restaurer les tourbières drainées, les herbiers marins et les fonds marins, et à s’engager à planter au moins trois milliards d’arbres supplémentaires dans l’UE d’ici 2030.
En revanche, nos océans semblent être un écosystème encore oublié lorsqu’il s’agit de les protéger. C’est pourquoi nous considérons qu’il est urgent que les gouvernements réglementent, par exemple, le chalutage de fond, l’exploitation minière des fonds marins, la chasse à la baleine et aux ailerons de requin et réduisent les subventions à la pêche afin d’améliorer le rôle de nos océans en tant que régulateurs climatiques.
Outre la politique, les investisseurs ont également un rôle important à jouer dans la protection des océans en intégrant cette question dans les engagements pris avec les entreprises dans lesquelles ils investissent. Il pourrait s’agir notamment d’encourager les entreprises Ocean 100 à réduire la consommation de plastique, à diminuer la pollution de l’eau et à promouvoir l’adoption de pratiques de pêche durables. En outre, les principes de financement pour une économie bleue durable , des objectifs scientifiquement fondés pour les océans et l’adoption de solutions techniques avancées pourraient soutenir la voie vers un avenir plus durable pour nos océans.
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