Photo Célestin Mukeba Muntuabu © Equity BCDC
« Mon profil est typiquement congolais ». Une manière pour Célestin Mukeba Muntuabu de rappeler qu’il a suivi toute sa formation universitaire initiale à Kinshasa, des études brillantes, un master en gestion des entreprises à l’université protestante ; Des études renforcées par une formation de technique de gestion bancaire, cette fois en Allemagne.
L’homme voit les choses en grand, croit en son destin, ou plutôt en sa capacité d’avoir un « grand impact ». Il est un bâtisseur en quelque sorte. S’il n’avait pas été banquier, il se serait orienté vers la médecine, son autre passion et reconnait avoir parfois des discussions animées avec son praticien lorsqu’il est souffrant. Mais voilà, Célestin Mukeba aime l’économie. Il en fait son tremplin à lui pour changer le monde. Peut-être en raison de la date si symbolique à laquelle il a pris ses premières responsabilités. C’était un certain 4 novembre 2008. Le même jour, les Américains élisaient Barack Obama à la Maison Blanche. Clin d’œil de l’histoire ou signe du destin ? Ce qui est certain, c’est que le banquier croit en sa propre faculté à imprimer sa marque. Il se souvient encore du conseil qui lui a été formulé ce 4 novembre 2008, le jour de sa nomination en qualité de DGA de ProCredit Bank: ce « go and do your mistakes. It’ok ». Il a préféré retenir seulement le « go ».
Quinze années plus tard, il a la fierté d’afficher un parcours sans ombre : en 2022, il a été diplômé de la Harvard Business School et distingué comme le meilleur étudiant de sa promotion ; Autour de lui gravitaient des personnalités venues de nombreux pays du monde.
Premier à Harvard, excellent aussi lorsque plus tard il décide d’apprendre l’espagnol : « j’étais dans un cours de débutant pendant une semaine, je me suis tellement ennuyé que j’ai demandé qu’on me mette chez les expérimentés et là j’ai compris la difficulté ; mais il n’était pas question d’avoir la honte de revenir chez les débutants, alors je me suis mis à travailler comme un petit fou. Je dormais 3h par nuit, le reste du temps j’apprenais les cours du lendemain ». En dehors du français, de l’anglais et de l’espagnol, il parle six langues nationales de la République Démocratique du Congo.
L’anecdote est symptomatique de cette aptitude à relever les défis, ce caractère très perfectionniste aussi. Dans l’univers souvent feutré des grands organismes bancaires, Célestin s’attache à faire bouger les lignes : « créer de l’impact jouer un rôle majeur ». Il pilote avec succès ProCredit Bank en pleine crise financière mondiale, s’attachant aligner l’institution financière sur les plus hauts standards internationaux. Elevé au rang de directeur général en 2014, il conduit avec la holding la recherche d’actionnaires susceptibles de poursuivre les activités de la banque au Congo, après sa décision de se désengager de l’Afrique. La procédure a abouti à son rachat et intégration dans le groupe Equity, banque panafricaine basée au Kenya, et présente dans sept pays. Fort logiquement, Célestin a conservé ses fonctions après le rachat. Quelques années plus tard, il mène à bien la fusion entre Equity et la Banque Commerciale du Congo, alors banque belge. Il s’attache à marier deux histoires différentes : celle d’Equity, tournée vers les PME et les particuliers ; celle de la BCDC, essentiellement corporate ; à la complexité de la gestion d’équipes aux cultures d’entreprise très différentes, s’ajoute plus prosaïquement la nécessité de réaliser la migration du système informatique.
Parmi ses grandes fiertés, l’impact social que peut avoir la banque. Pour lui, très concrètement, cela passe par la démocratisation de l’accès aux services financiers. Equity a joué un rôle pionnier dans l’accès des Congolais à la banque. En 2004, 100.000 personnes, soit 0,1% de la population étaient titulaires d’un compte bancaire. La raison de ce plafond de verre : l’obligation de déposer 10.000 dollars de dépôt lors de l’ouverture d’un compte ; un vrai luxe pour une majorité de la population congolaise. En supprimant les frais d’ouverture de compte et l’exigence d’un montant minimal de dépôt, en ouvrant les premiers distributeurs ATM disponibles 24 heures sur 24, Equity a impulsé cette dynamique de changement chère à Célestin Mukeba. « Nous avons su rassurer, démocratiser, créer une institution inclusive ».
Son objectif désormais : « Etendre les opportunités de création de richesses, en réalité, donner de la dignité, transformer les vies ». Sous son impulsion, Equity BCDC se pose en « champion de la prospérité socio-économique des peuples d’Afrique » et multiplie son champ d’activité et de développement vers l’éducation, la santé, le secteur agricole, avec la fierté, encore et toujours, de s’inventer de nouveaux défis.
Lorsqu’il ne travaille pas, Célestin se met au piano ou à la guitare ou retrouve ses réflexes de jeune papa. Il y a sept mois, une petite dernière s’est invitée aux côtés de deux fils déjà adolescents. Elle s’appelle Anaëlle. Il lui consacre du temps, épaulant son épouse elle-même entrepreneure, dans la mode et la confection de tenues professionnelles avec sa société Mwinda, Lumière en lingala. Le couple partage les mêmes valeurs, la volonté d’atteindre des objectifs, de faire bouger les lignes. Pour Madhy, il s’agit « de créer de l’emploi localement, de faire de la production locale, de contribuer à l’autonomie des femmes, à 95% dans son entreprise ». Alors quand on demande à Célestin s’il est fier d’elle, c’est le cri du cœur : « J’suis trop fier, quoi, tu vois » !
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