Le tourisme de l’espace a le vent en poupe. Que ce soit un séjour en orbite ou un vol suborbital, les terriens souhaitent expérimenter ce nouveau mode de voyage qui semble se développer petit à petit. Toutefois, ce sont des projets qui ne sont pas sans limites financières, techniques ou écologiques. Mais qu’entend-t-on par tourisme spatial ?
Le tourisme spatial est l’activité touristique qui englobe l’ensemble des expériences, vols à sensations, entraînements, qui permettent d’aller dans l’espace pour des raisons non professionnelles. Les entreprises opérant dans le secteur font monter des passagers en altitude jusqu’à dépasser la « ligne de Karman », déterminée à 100 kilomètres. Pour établir la comparaison, un avion de ligne vole entre 11 et 13 kilomètres, légèrement en-dessous de la vitesse du son.
Dès les années 2000, les russes se sont lancés dans l’aventure. Entre 2001 et 2009, huit billets pour embarquer à bord du vaisseau russe Soyouz ont été vendus pour se rendre à la Station spatiale internationale (ISS). Un aller-retour qui coûtait entre 20 et 35 millions de dollars par personne. Deux compagnies, Virgin Galactic, la compagnie de Richard Branson et Blue Origin, l’entreprise de Jeff Bezos, se sont lancées dans des expériences spatiales.
Pour Blue Origin, c’est une fusée qui décolle verticalement, et la capsule dans laquelle se trouvent les passagers se détache en plein vol jusqu’à arriver à 100 Km de haut, avant de retomber sur Terre freinée par trois parachutes. Pour Virgin Galactic, c’est un gros avion porteur qui décolle sur une piste et lâche en plein vol un vaisseau. Ce dernier se met en marche jusqu’à dépasser les 80 Km d’altitude et redescend en planant. La liste d’attente pour les vols programmés est longue. Pour SpaceX, le principe est différent, la capsule est mise sur orbite à 500 Km d’altitude. Les passagers ont le temps d’admirer la Terre en orbite.
Personne ne pouvait croire à un tel succès de l’aérospatial. Maintenant, nombreux sont les investissements qui se font dans le domaine. Cependant, la compétition se trace clairement, il ne s’agit pas d’un secteur monopolistique. Ce tourisme spatial est aussi une occasion de construire un modèle économique, à un moment où les États n’ont plus les mêmes moyens, c’est un moyen de réduction des coûts de l’exploration spatiale.
Le tarif proposé par Richard Branson aux passagers qui se sont préinscrits est de 250.000 dollars, 600 tickets ont déjà été vendus. Or, avec ce prix là, les frais ne sont pas couverts.
Pour le premier passager de Blue Origin, le coût est de 28 millions de dollars, résultant d’une enchère. Quant au prix du vol, il est est autour de 100 millions de dollars. L’objectif est de réaliser des économies d’échelle en multipliant les vols afin de réduire le coût par passager. Au-delà du coût financier, pour obtenir le ticket, il faut passer des tests d’aptitude physique au vol spatial et avoir un brin de témérité.
Dès l’étape de la fabrication des engins spatiaux, le secteur du tourisme spatial est énergivore. En effet, la transformation de matériaux de haute qualité comme l’acier ou l’aluminium a de grosses conséquences écologiques. Le SpaceShip Two, à titre d’exemple émet 27,2 tonnes de CO2 lors d’un vol complet, soit deux fois l’émission individuelle annuelle. Le vol complet de la Falcon 9, par exemple, émet 1150 tonnes de CO2, soit l’équivalent de 638 ans d’émission d’une voiture moyenne qui parcourt 15000 kilomètres par an. Si ce tourisme spatial fait l’objet d’un commerce plus développé, ces vols deviendraient une véritable problématique écologique.
Il va sans dire que l’espace n’appartient pas à ces milliardaires qui ont d’originales lubies. Ces derniers doivent composer avec un certain nombre d’interdictions, ils doivent obtenir des autorisations et composer avec un secteur où les acteurs se font de plus en plus nombreux. L’enjeu éthique est de taille, le territoire spatial doit être à tout prix préservé de l’appétit d’entreprises qui souhaiteraient le commercialiser. Aussi, le statut de touriste spatial n’est pas encore défini, ce qui pose la problématique de son existence juridique. Pour l’instant, le tourisme spatial est un grand mot pour désigner une réalité pas si grande.
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