Photos © Brazza Transactions – Valerie Neim, CEO de Brazza Transactions
International Leader: Selon une étude du Boston Consulting Group, depuis 1998, les revenus des 500 plus importantes entreprises africaines (hors banques) ont augmenté de 8,3 % par an et on assiste à l’émergence d’une nouvelle classe de riches Africains. Or, parler de gestion de fortune reste encore tabou en Afrique. Pourquoi ?
Valerie NEIM : Je vois deux raisons:
1): L’absence d’éducation et le manque de possibilité d’ouverture, mais de nombreux Africains ne le savent tout simplement pas. La Bible dit que mon peuple périt faute de savoir. C’est exactement ce qui se passe ici. Les gens ne savent tout simplement pas comment le monde fonctionne et les services qui existent.
2): Les Africains ont une culture du secret. Les gens sont très sceptiques et ne veulent pas que les autres sachent ce qu’ils ont, leurs projets. Les Africains en général ont du mal à faire confiance et les personnes ne font traditionnellement confiance qu’aux membres de leur famille ou à ceux de la même tribu. Nous avons en quelque sorte encore une culture de la féodalité et du tribalisme. Ces affiliations sont très fortes et il faudra du temps pour les éroder, même pour ceux qui déclarent être éduqués.
Malgré tout, avec l’augmentation de la richesse et la prospérité, nous avons vu une importante évolution des mentalités, provoquée par un changement générationnel inévitable. Les jeunes ont une meilleure éducation et une meilleure possibilité d’ouverture en partie grâce à Internet, ce qui signifie que cette situation continuera d’évoluer dans un sens positif. C’est pourquoi notre Service Citoyenneté pour l’Investissement a été mis en place afin d’aider les personnes avec un potentiel d’investissement élevé à diversifier leur portefeuille.
International Leader : Traditionnellement, le financement des projets et le développement des affaires relèvent de la mission des banques d’affaires qui se bousculent déjà sur le marché africain. Plutôt qu’à une banque, pourquoi faire appel à Brazza Transactions?
Valerie NEIM : C’est très simple, la taille de notre économie et du marché en général. De nombreuses banques traditionnelles dépensent aujourd’hui la plus grande partie de leur argent pour financer le développement du gouvernement et des infrastructures. Pourtant, notre expérience montre que les PME et les très petites PME sont laissées pour compte, ce que nous appelons Meso Finance. Et, comme nous le savons tous, ces entreprises constituent l’épine dorsale de la plupart des économies en Afrique. Chez Brazza Transactions, nous voyons cette lacune comme une opportunité majeure, et nous sommes heureux de conseiller, d’accompagner avec l’aide de nos partenaires internationaux.
International Leader : Malgré le ralentissement global de la croissance, le continent africain semble de plus en plus attractif pour sa diaspora. Or, la diaspora africaine dans l’hexagone manque souvent d’options d’investissement ou de relais pour mieux les accompagner. Comment Brazza Transactions peut-elle répondre à leurs attentes ?
Valerie NEIM : Par définition, la diaspora veut dire vivre et travailler en dehors de son pays d’origine. Dans la majorité des cas, les personnes ont vécu trop longtemps dans leur pays d’accueil et ont oublié la réalité de leur pays. Chez Brazza Transactions, notre rôle, notre ambition, notre objectif est de créer un pont pour aider à combler ce fossé et aider les personnes de la diaspora à renouer avec les réalités de l’Afrique en général et du Cameroun en particulier. Nous souhaitons les encourager à se joindre à nous dans la construction de l’Afrique. Laissez-moi vous donner quelques exemples pratiques autour de la gestion d’actifs …
De manière générale, les Africains ont rapatrié environ 1,2 milliard de dollars en 2016 et 300 millions de dollars en 2018. Une partie de ces fonds servent à aider leur famille pour répondre à leurs besoins physiologiques, toutefois, l’essentiel de ce volume est de concrétiser leurs projets dans leur pays d’origine. Brazza Transactions intervient pour s’assurer qu’ils puissent avoir un projet clé en main en faisant appel à des professionnels (avocats, notaires, constructeurs, contrôleurs de qualité, etc.) afin d’éviter tout canal informel tel que la famille et les amis.
International Leader : L’entrepreneuriat féminin en Afrique est majoritairement un entrepreneuriat de subsistance : des entreprises de petite taille, aux besoins de financements modestes et au modèle économique donnant peu de gages de solidité aux investisseurs. Comment dynamiser et accompagner l’entrepreneuriat féminin en Afrique ?
Valerie NEIM : Ce que vous évoquez sont des réalités du passé et elles se sont transformées aujourd’hui. Historiquement et culturellement, les femmes se concentraient sur ces petites initiatives comme celle que vous citez, cependant, l’éducation et les possibilités d’ouverture, ont changé la donne entre autres grâce à :
1): L’éducation – en encourageant les femmes via des cours spécifiques sur l’accès aux finances et les pré-requis
2): Des programmes spéciaux – les banques et autres institutions financières devraient proposer davantage de produits sur mesure dédiés aux femmes entrepreneurs
3): Des modèles de rôle et mentorat – on dit que si vous ne racontez pas votre histoire, les autres continueront à raconter vos histoires selon leur propre vision. L’Afrique s’est habituée à être peinte en noir par l’Occident. C’est pourquoi chez BT via notre service de profilage, nous racontons des histoires de réussite pour mettre en avant les Africains qui réussissent.
International Leader : Vous faites partie de cette nouvelle génération de femmes leaders qui favorisent le développement et la transformation du continent africain. Quels conseils donneriez-vous à ces jeunes filles qui voudraient prendre votre parcours pour exemple ?
Valerie NEIM : Je prends cette remarque comme un compliment et j’en suis honoré.
Comme dirait Mandela, «L’éducation est la seule chose qui peut amener un homme pauvre à rencontrer un homme riche ». La nouvelle génération je dirai a la capacité de lire énormément, de trouver des modèles, de sélectionner son environnement, d’avoir une vision, de rester concentré, de croire en elle, elle peut en effet le faire mentalement, mais par-dessus tout, elle ne doit JAMAIS, JAMAIS ABANDONNER. Le mot clé est : « Persévérance – Persévérance – Persévérance”.
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