13 janvier 2021 –
Alors qu’il était encore candidat, le nouveau président élu des États-Unis n’a pas hésité à prendre plusieurs engagements pour réduire la pollution liée aux énergies fossiles. Mais la situation ne semble pas trop inquiéter les grands pétroliers.
C’est cette question qui a suscité le plus de tensions entre Biden et Trump au cours de leurs débats le 22 octobre 2020. Biden qui sait qu’il ne peut pas compter sur l’industrie du pétrole n’a pas hésité à souligner qu’il s’en détournera progressivement puisque l’industrie pétrolière serait selon lui, une grande source de pollution. Pour Joe Biden, les fossiles seront remplacés par les énergies renouvelables « au fil du temps ».
Évidemment, Trump avait bondi sur l’occasion pour déclarer que Biden voulait détruire l’industrie pétrolière aux États-Unis. Malheureusement pour le président sortant, le vote des mineurs et d’une bonne partie de l’industrie pétrolière ne lui aura pas suffi. Mais la question qui subsiste est la suivante : Biden tiendra-t-il parole maintenant qu’il est élu ? Alors que le secteur énergétique emploie près d’une dizaine de millions de personnes, la question de l’énergie reste très sensible dans le pays. Le président élu a dû au cours de sa campagne trouver un compromis pour satisfaire ses électeurs du côté de l’industrie pétrolière et l’aile gauche du parti démocrate qui rêvent d’en finir avec les énergies fossiles.
Très sensible à cette question de l’environnement, le nouveau président des États-Unis a affirmé que son pays réintégrait l’accord de Paris de la COP21. L’administration Biden compte ainsi tenir cette promesse dès son entrée à la Maison-Blanche. Cependant, il faut souligner qu’au cours de son mandat de Vice-président sous Obama, la production de pétrole de schiste et de gaz naturel avait connu une augmentation exponentielle aux États-Unis. C’est d’ailleurs cette ressource peu conventionnelle qui avait permis au pays d’acquérir l’indépendance énergétique en devenant le premier producteur de pétrole au monde.
Les grands producteurs nationaux comme Chevron et ExxonMobil continuent d’investir dans ces énergies non conventionnelles. En juillet par exemple, alors que la crise sanitaire continuait sa progression, la société Chevron a décaissé près de 13 milliards de dollars pour le rachat de Noble Energy, qui est un acteur important du pétrole de schiste. Mais la vérité c’est que Biden ne se lancera pas directement dans une guerre contre le secteur pétrolier. Il n’est pas dupe. Biden sait très bien que le gaz et le pétrole sont importants pour l’économie du pays.
De toute façon, le Sénat qui est majoritairement républicain ne lui facilitera pas la tâche. Le président élu a tout de même affirmé pendant sa campagne qu’il allait revenir sur la règlementation tous azimuts imposée par son prédécesseur en faveur des énergies fossiles. Ainsi, on pourrait noter un renforcement de la surveillance des fuites sur les pipelines.
On pourrait aussi arriver à une limitation du torchage qui permet de brûler le gaz lors de son extraction. Tout porte à croire que les pétroliers pourraient perdre beaucoup de cette élection de Biden. Mais la plupart semblent résignés.
En ce qui concerne la politique internationale, nul ne sait comment réagira Biden. Mise à part sa volonté de réintégrer l’accord de Paris, le nouveau président pourrait intervenir en faveur de l’Iran. Pour rappel, ce dernier était économiquement sanctionné par l’administration Trump. Il faut dire que ces nombreuses sanctions ont gravement affecté les exportations de pétrole iranien.
Avant une quelconque intervention, Biden a souhaité que l’accord sur le nucléaire iranien signé en 2015 à Vienne soit respecté. Trump était sorti de cet accord en 2018. Les projecteurs sont maintenant braqués vers la République islamique. Leurs actions influenceront les prochaines décisions de Biden. Les Iraniens seront-ils prêts à respecter ces nouvelles conditions pour sauver leur économie ? Les prochains mois nous le diront.
Par ailleurs, la reprise progressive de la production et de l’exportation du pétrole iranien ne serait pas à l’avantage des pays producteurs puisque le prix du baril de pétrole tourne aujourd’hui autour de 44 dollars. Mais ce n’est pas la principale priorité des pays membres de l’OPEP. Début décembre, ils se réunissent à Vienne pour statuer sur leur production de pétrole. Il sera question de savoir si les États membres continueront de réduire leurs productions de pétrole. Au-delà de l’arrivée de Biden à la maison blanche, les effets du Covid-19 sur l’économie influenceront ce choix. Quoi qu’il en soit, le nouveau président des États-Unis devra faire beaucoup de compromis pour satisfaire tout le monde.
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