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Par René Marty, directeur général, REYL Overseas Ltd – 10 décembre 2020
Il arrive souvent que l’on nous demande si nous ressentons, à notre niveau, les effets des élections présidentielles, sous forme de multiplication des demandes d’investisseurs américains soucieux de diversifier leur exposition en amont d’un éventuel passage de témoin à la Maison-Blanche.
Les récentes élections américaines ont sans doute compté parmi les plus anticipées depuis plusieurs décennies, mais la consternation suscitée par leur issue indécise a-t-elle renforcé l’intérêt porté aux placements à l’étranger ? Difficile en réalité de répondre à cette question.
La tenue d’élections n’est que l’une des nombreuses raisons susceptibles d’inciter les investisseurs à diversifier leurs actifs à l’étranger. De fait, l’un des principaux motifs constatés ces dernières années est l’immensité de la dette publique accumulée par les États-Unis et les craintes suscitées par un effondrement de la monnaie américaine. Le total de la dette américaine atteint actuellement 27 500 milliards de dollars contre seulement 5 600 milliards il y a vingt ans, et les événements intervenus cette année l’ont fait s’accroître particulièrement rapidement. En conséquence, bon nombre d’investisseurs cherchent le refuge d’une monnaie plus stable comme le franc suisse (le dollar américain a perdu près de 80 % de son pouvoir d’achat par rapport au franc depuis 1970).
Le système bipartite dominant aux États-Unis fait de la vie politique américaine un pendule qui oscille constamment entre parti démocrate et républicain au fil du temps. Ainsi, tous les quatre ans où les deux grands partis ne ménagent aucun effort pour envoyer leur propre candidat occuper le Bureau ovale, les investisseurs sont potentiellement confrontés à un changement radical d’administration et de politique. Les investisseurs qui visent un horizon de placement de long terme sont de plus en plus convaincus de l’intérêt de diversifier leurs actifs hors des États-Unis, peu importe qui siège à la Maison-Blanche. De fait, un groupe se distingue particulièrement, à savoir ceux d’entre eux qui entretiennent déjà des liens forts à l’étranger, soit parce qu’ils ont émigré aux États-Unis et sont ainsi d’ascendance européenne, soit parce qu’ils exercent des activités à l’international.
La passation de pouvoir de Donald Trump à Joe Biden étant désormais engagée, nous sommes en mesure de commencer à prédire certaines éventualités. Sous un gouvernement démocrate, l’industrie pharmaceutique doit se préparer à une intervention accrue sur les prix, tandis que le secteur financier est susceptible d’être soumis à une pression réglementaire accrue. Les démocrates envisagent aussi une hausse générale de l’impôt sur les sociétés, ce qui aura un impact sur la rentabilité des entreprises. Un consensus s’est également dégagé sur les priorités dans certains domaines. Par exemple, aussi bien les républicains que les démocrates se sont engagés à rénover les infrastructures, si bien qu’il faut s’attendre à des investissements conséquents dans les infrastructures américaines au cours des quatre ans à venir.
Tout bien considéré, les investisseurs pourraient être incités à regarder au-delà du marché américain et du billet vert pour se mettre en quête de rendement. Pour ceux qui envisagent une meilleure diversification de leurs actifs, soit auprès de différents établissements financiers soit dans différents pays, la question évidente qui se pose immédiatement est vers où se tourner.
Forte d’une grande stabilité politique et de sa propre monnaie forte, la Suisse offre aux investisseurs un environnement idéal, avec la stabilité voulue par un investisseur étranger lorsque ses actifs sont placés et investis dans un pays distant de plusieurs milliers de kilomètres. À cela s’ajoute également le rôle majeur que joue la réputation de la place financière suisse. En effet, la Suisse abrite actuellement près de 32 % de l’ensemble des fonds investis à l’étranger.
En dehors des élections américaines, une série de bonnes nouvelles a récemment contribué à redonner le moral aux investisseurs, l’annonce d’un possible vaccin entraînant un rebond des marchés. Ce développement pourrait changer la donne à moyen terme. Cependant, le vaccin doit encore être approuvé et pourrait être sujet à des problèmes de production (pénurie de matières première, etc.) et de distribution à travers le monde, laissant planer un certain degré d’incertitude.
Même si le vaccin se révèle efficace, la reprise économique suivra très probablement une trajectoire chaotique et il faut s’attendre à des périodes de volatilité accrue. Par conséquent, il est toujours aussi essentiel d’investir dans un large panier d’actifs qui permet de diversifier les risques éventuels, tout en visant un horizon plus long.
Le besoin de diversification, que ce soit par région, classe d’actif ou durée, peut amener à devoir envisager des placements moins connus, ce qui explique pourquoi la compétence d’un conseiller en investissement est aussi essentielle.
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